Test – Air Twister : le Rez-shooter sauce YuSu

Sorti en primeur sur Apple Arcade l’année dernière, le rail shooter Air Twister arrive finalement sur consoles juste avant les fêtes de fin d’année. Il était temps.

Figurant parmi les rares exclusivités jeux vidéo proposées par la plateforme à la pomme croquée, Air Twister avait de quoi susciter l’intérêt des gamers. Derrière ce titre indépendant, on retrouve en effet un visionnaire qui ne connaît pas le mot retraite : Yu Suzuki. Aujourd’hui âgé de 65 ans, ce pionnier a marqué de son empreinte l’histoire du jeu vidéo du temps où il officiait pour Sega, au sein du mythique studio M2.

Space Harrier : ses effets de zoom appliqués au genre shoot-them-up ont créé un genre à part entière.

Out Run, Space Harrier, Super Hang-On, Virtua Fighter et Shenmue : voici quelques uns des titres majeurs de sa carrière qui figurent aujourd’hui au panthéon du jeu vidéo. Celui que l’on sait déjà insatiable se veut aussi jusqu’au boutiste. C’est ainsi qu’on vit apparaître en 2019 Shenmue 3, presque vingt ans après le second volet sorti originellement sur Dreamcast. Désormais à la tête de son propre studio indépendant Ys Net, Yu Suzuki livre aujourd’hui la version console de son dernier projet personnel sorti à l’été 2022 sur Apple Arcade, Air Twister.

La Belle et les Bêtes

Pensées dragon qu’il disait

Dans Air Twister, vous incarnez la Princesse Arch pour qui les similitudes physique avec Samus s’arrêtent à sa combinaison moulante et à sa queue de cheval blonde. Descendante d’une famille royale protectrice des AIRs, elle assiste impuissante à l’invasion de sa planète par les Needles. Mue par un esprit de justice, elle s’élance alors telle une valkyrie, chevauchant un cygne de combat.

Son but est de réunir les quatre gardiens royaux qui restaureront la paix sur la planète. Le joueur prend alors le contrôle de la belle dans un rail shooter virevoltant sur fond de lyrisme musical. Le premier stage a soudain des airs de Panzer Dragoon : pour éliminer ses ennemis, on peut soit leur tirer dessus soit en en ciblant plusieurs afin d’envoyer des salves de tirs.

Un arrière-goût de Space Harrier

L’âge de Rez-on

Abandonnant son destrier, Arch s’engage ensuite en solo, prenant sa destinée en main. Ou plutôt son arme devrais-je dire ! Désormais, Arch peut tirer, esquiver et utiliser différentes armes progressivement. A l’instar de l’ancêtre Space Harrier ou d’un certain Starfox, on contrôle ici Arch en vue arrière à la troisième personne. Cette vue offre une perspective immersive, jouant sur la profondeur des environnements. Les objets et les ennemis traversent l’écran ou en surgissent. L’effet est saisissant.

Ces animaux en polygones semblent tout droit sortis de Virtua Fighter !

Le fait d’être sur des rails oblige le joueur à se concentrer sur ses déplacements latéraux et sur les ennemis à éliminer. Dans Air Twister, j’apprécie aussi de pouvoir contempler les détails des environnements et leurs variétés. La direction artistique empreint de surréalisme surprend aux premiers abords, quitte à déplaire. Personnellement, j’y ai trouvé une forme de sensibilité presque hypnotique : une sensation grisante que je n’avais plus ressenti depuis un certain Rez de Mizuguchi.

Certains environnements semblent même provenir de l’univers de l’artiste Salvador Dali : les représentations animales ou les objets défiant les lois de la gravité semblent faire référence aux œuvres de l’artiste. En cela, Air Twister se démarque des standards habituels du genre.

Shoot dans l’Art !

Si Air Twister a été décliné en différentes versions consoles, c’est pourtant la version Nintendo Switch qui prend réellement la pleine mesure du potentiel du titre. Rappelez vous : le titre est sorti tout d’abord sur mobiles. Et cela se ressent tout particulièrement sur le plan de la jouabilité. Et sur Switch, vous avez le choix entre jouer de manière classique à la manette ou en tactile directement sur l’écran en mode nomade. Dans ce dernier mode, le joueur gagne en réactivité et en souplesse de jeu. D’un simple glisser sur l’écran, on cible plusieurs adversaires avant d’envoyer la sauce au relâchement. Pour les plus adroits, il est possible d’adopter un mode de fonctionnement avec deux points de touche, l’un pour le déplacement et l’autre pour la visée. L’inconvénient est qu’on cache forcément une partie du décor, qu’on ne peut apprécier alors que durant les phases de cinématiques.

Histoire sans faim

Le titre de Yu Suzuki se montre contre toute attente généreux dans son contenu. Le mode Histoire tout d’abord est représentée par une immense carte composée de plusieurs îles. Comportant une douzaine de stages, le joueur peut se voir proposer des chemins alternatifs en fonction de ses performances, rendant chaque partie différente. Chaque stage se conclut par un boss plutôt réussi en général. Si Air Twister se montre accessible au départ, les choses se corsent rapidement sur les derniers niveaux, votre jauge d’énergie se vidant rapidement et les continues vous ramenant systématiquement au départ du dernier stage en cours.

Des modes qui ne manquent pas d’AIR

Au fur et à mesure de sa progression, on engrange des points permettant de débloquer à la fois des capacités, des armes ainsi que des accessoires. Une fois ces derniers débloqués, ils deviennent accessibles à l’achat dans la boutique d’équipements où l’on peut personnaliser notre princesse. Il est également possible de « louer » temporairement des armes non débloquées au moyen de tickets obtenus.

Outre un tutoriel, un guide du monde d’Air Twister et un historique des événements qui y ont eu lieu sont accessibles sur la page menu. Une fois l’Histoire bouclée, le joueur peut se rendre dans le menu Défis. Ici, plusieurs activités sont proposées : Stardust, Mode Arcade, Fluffy, Boss Rush, Mode Turbo, Touch Breaker et Niveau Extra. J’ai été agréablement surpris par cette variété, d’autant que chaque défi se révèle digne d’intérêt.

Le mode Stardust vous demande d’éliminer la plus grande quantité d’étoiles dans un temps limité. Pas de surprise sur le mode Arcade et le mode Rush. Dans le mode Fluffy, il faut récupérer le plus d’étoiles possibles en évitant de se faire toucher des ennemis. Dans le mode Extra, on embarque dans un mode spécial à la difficulté très élevée avec à la clé des récompenses. Mon favori enfin : Touch Breaker vous propose de toucher des cubes numérotés dans l’ordre croissant dans un temps imparti. Avec ses trois difficultés, c’est terriblement addictif !

Touch Breaker : résolument addictif !

God Swan & The Queen

Au même titre que sa direction artistique, j’ai été subjugué par les musiques composées par l’artiste Valensia que je ne connais pas. L’artiste trouve ses inspirations de l’opéra, de la fusion et du au rock, donnant un résultat surprenant mais pas désagréable. On est tiré entre la mélancolie et le rhapsodie lyrique, certains chœurs emmenés par un solo à la guitare électrique évoquant même les meilleurs vibes du groupe Queen. Je vous recommande d’ailleurs l’écoute de l’album complet d’Air Twister disponible sur Apple Store.

Un AIR de déjà-vu…

Air Twister a aussi son lot d’imperfections. Déjà, on peut lui reprocher son manque d’ambition dans sa jouabilité face à d’autres rail shooters. Par exemple, des phases de shoot au sol aurait pu être proposées tout comme la possibilité de jouer à plusieurs. Austère comme à l’époque 90’s-2000, Air Twister propose peu d’armes différentes, pas d’évolution des capacités d’Arch et des bonus aux abonnés absents en cours de partie. De plus, sa structure narrative se révèle hachée, un peu chaotique et maladroite. On remarque également des carences techniques comme des éléments qui apparaissent tardivement au loin, quelques soucis de collisions avec des tirs qui apparaissent soudainement au premier plan.

A l’image du design des menus, les tenues vestimentaires d’Arc sont pour certaines sans intérêt, voire totalement hideuses : on aurait bien aimé avoir des choses un peu rigolote ou des caméos à d’autres production de Yu Suzuki (mais sans doute impossible pour des questions de droits de propriété).

Air Twister est actuellement disponible sur consoles Nintendo Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Serie X|S, PC Windows, MacOS et mobiles iOS.

VERDICT
7/10

JEU - Air Twister Nintendo Switch

Ce qu’a à offrir Air Twister ne satisfera pas tout le monde, c’est certain. Resté bloqué du temps de ses gloires passées, Yu Suzuki ne parvient pas à se hisser au niveau des standards proposés sur nos consoles actuelles qu’on mettra sur le compte d’un manque de moyens. Un nouveau constat amer déjà vu lors de la sortie de Shenmue 3. Et pourtant, Air Twister sait se montrer séduisant par la richesse de ses modes comme son mode Histoire  dotés de douze niveaux variables et les défis. Ceci lui confère une jouabilité plutôt solide. Mention spéciale pour la direction artistique surréaliste et peu commune ainsi que ses compositions musicales qui vous transportent littéralement ailleurs. Suzuki-san, à quand une suite ?

 

On adore…

  • Un rail shooter qui sort des sentiers battus
  • Le savoir-faire de Yu Suzuki
  • La richesse de ses modes de jeu
  • Le défi Touch Breaker !
  • Les compositions musicales hypnotiques de Valensia

On déteste…

  • Une direction artistique qui fera débat
  • La structure scénaristique pas assez développé
  • L’austérité des parties rebutera la jeune génération
  • Pas de mode multijoueurs
  • Quelques imperfections visuelles
  • Pas de localisation en français
  • Des moyens financiers insuffisants pour concrétiser les ambitions du créateur

Test réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une code dématérialisé du jeu envoyé par l’éditeur NIS America.

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