TEST – The Last of Us PS3
|THE LAST OF US – Rare sont les jeux vidéos de nos jours qui peuvent encore nous soutirer de l’émerveillement, de la surprise ou même de l’angoisse. Des émotions propres à la réalité ou au cinéma mais que chacun penserait impossible de ressentir avec une manette entre les mains. Et c’est pourtant ce que The Last of Us est parvenu à transmettre aux joueurs…
Le studio Naughty Dog est devenu au fil des années le principal fleuron des studios que l’éditeur Sony conserve précieusement sous son aile. Il faut dire que les titres développés par le studio emmené par le français Christophe Balestra se sont révélés à chaque fois être un succès retentissant : Crash Bandicoot, Jak & Daxter et Uncharted sont là pour en attester. Se démarquant des précédentes productions du studio, The Last of Us se révèle être un titre à part, comme un cadeau qui aurait été fait aux joueurs du monde entier pour les remercier de leur fidélité. La dernière production de Naughty Dog apparaît à l’évidence comme un condensé de l’expérience cumulée sur ces vingt dernières années. Plus encore : à l’image d’Uncharted qui marquait un tournant dans l’approche du jeu d’action sur une console Playstation, The Last of Us s’inscrit à son tour dans la transition vers les jeux Next-Gen, apportant une part d’émotions et de concepts de gameplay inédits.
L’histoire de The Last of Us tire manifestement ses inspirations du cinéma et des romans, rappelant des films comme La Route, Je suis une Légende ou la série de comics The Walking Dead. Nous sommes ici en 2033 : le joueur y fait la connaissance de Joëlle, un de ces baroudeurs résidant dans un Boston totalement dévasté et où la survie est le seul mot d’ordre. Orphelin de sa jeune fille victime d’un accident vingt ans plus tôt, Joëlle vit au jour le jour, son quotidien se traduisant par le trafic d’armes et la recherche de tickets de rationnement au côté de Tess, sa compagne. Jusqu’au jour où il croise le chemin de Marlène, chef du groupe de rebelle appelé Les Lucioles. Cette dernière lui confie une mission de la plus haute importance : ramener une jeune fille, Ellie, à l’autre bout de la ville. Ce que Joëlle ne savait pas, c’est que cette adolescente renferme le remède qui permettrait de sauver l’humanité entière de la pandémie qui la ronge…
On adore…
Incontestablement, les habitués des productions Naughty Dog seront surpris par le degré de maturité du titre. Si certaines mécaniques rappellent celles de notre aventurier Nathan Drake (séquence de shoot, escalade, séquences semi-scriptées), les similitudes disparaissent une fois les passées la dizaine de minutes de jeu. A commencer par la complémentarité composée par le duo Joelle et Ellie. Loin d’être réduite au rang de boulet comme dans la plupart des jeux, la jeune adolescente se montrera au contraire très rapidement utile lors des situations critiques. Au fil de l’histoire, la détermination et le caractère de la jeune fille évolueront en même temps que ses compétences à se sortir des moments difficiles. Le travail du studio de développement ne s’est d’ailleurs pas arrêté là puisqu’ils sont allés jusqu’à insuffler une véritable humanité au personnage, faisant ressortir sa fragilité mais aussi sa candeur : contempler Ellie s’émerveiller de tout ce qui l’entoure ou tout simplement siffloter durant les rares moment de répit alors que le chaos ambiant règne apaise le stress du joueur. Une idée tout simplement ingénieuse et qui montre le travail méticuleux par Naughty Dog sur Ellie et sur la transformation de sa personnalité tout au long du récit.
Méticuleux, les graphistes l’ont été tout particulièrement, c’est indéniable. Les maisons visitées, dévastées, regorgent de détails multiples et donnent vraiment l’impression que quelques minutes plus tôt d’être encore habitées. La nature semble avoir repris ses droits dans tous ces endroits abandonnés. C’est dans cette ambiance macabre que bien souvent l’on surprendra des infectés, humains ayant mutés par du sang contaminés ou ayant respirés des spores. Ces sortes de zombies mutants se divisent en quatre catégories : les coureurs (très rapide), les rôdeurs (à l’affût du moindre bruit), les claqueurs (qui font un bruit assourdissant) et les colosses (cracheur d’acide). Particulièrement coriaces, ils attaquent souvent en nombre leur proie détectée. Tout le gameplay repose alors dans votre capacité à agir en conséquence, suivant le type d’infectés en présence. Il faudra tantôt faire le choix de vous déplacer en restant sur vos gardes, les éliminer sans attirer l’attention de tous vos ennemis tout en veillant sur vos réserves ou fuir dans les cas extrêmes. C’est cette liberté d’action qui rend The Last of Us aussi immersif.
Les infectés ne sont en outre pas vos seuls ennemis. Il y a également les humains, vos semblables eux aussi en quête de survie et donc de vos provisions. Ils n’hésiteront pas à vous traquer et à vous piéger pour arriver à leurs fins. Peut-être même plus dangereux que les infectés, en plus d’élaborer des stratégies d’encerclement ou de refuge sous le feu ennemi, ils useront de leur armement, allant du fusil d’assaut, au fusil sniper jusqu’au char d’assaut. Pour vous aider, Joëlle aura la possibilité d’améliorer son armement, que ce soit via des éléments récoltés (alcool, poudre…) pour élaborer des bombes ou fumigènes; ou bien en perfectionnant des armes dans des ateliers.
Outre sa réalisation, c’est par sa narration que The Last of Us scotchera le joueur. Juste de par son ambiance. Mélancolique lors des rares passages musicaux qui parsème l’aventure. Fort lors des séquences clés de l’histoire. Au fil des saisons, notre duo vivra des moments très riches en émotion. Naughty Dog a ainsi voulu pousser le concept en profondeur en scindant le jeu en deux parties distincts, pour offrir une expérience unique dans le jeu vidéo. Avec près de 20 heures pour boucler l’histoire complètement (et débloquer le mode Plus), le joueur en aura largement pour son argent : on en viendrait presque à oublier son mode multijoueur, jeu dans le jeu, mélange intelligent du multi d’Uncharted en version améliorée avec l’ambiance d’un Left 4 Dead.
On déteste…
Difficile de trouver des reproches sur un titre aussi abouti que The Last of Us. On pourra toujours trouver à redire sur l’IA des ennemis par moment perfectibles, notamment qu’ils ne détecteront que très rarement les PNJ comme Ellie. Certaines actions semblent un peu rigides ou trop dirigés, quand elles ne sont pas tout simplement scriptées pour les besoins de la narration. Bien que largement dans le haut du pavé des titres sur PS3, la réalisation graphique manque par moment de finesse. Mais là, c’est vraiment pinailler. Non, le seul véritable gros point noir du jeu, c’est celui de voir l’aventure s’achever à l’arrivée du générique de fin…
Chef d’œuvre : c’est le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’il s’agit d’évoquer The Last of Us. Se nourrissant de toute son expérience en matière de création de jeux vidéo, Naughty Dog est parvenu à relever un double défi : celui de créer une nouvelle licence forte et celui de devenir une nouvelle référence en matière de survival horror. Tout ceci avec une réalisation propre, un scénario à l’intrigue surprenante, un concept de duo intelligent dans la lignée de Bioshock Infinite, et un condensé de bonnes idées et de trouvailles de gameplay. C’est une véritable expérience vidéoludique que ici le joueur, à l’aube d’une fin de cycle pour la Playstation 3. Difficile de croire qu’un titre aussi abouti techniquement puisse sortir sur une machine déjà âgée de presque 7 ans. Et le meilleur est encore à venir…
The Last of Us est actuellement disponible exclusivement sur console Playstation 3.
Note : [rating=10]