Test – The Diofield Chronicle: la guerre scène selon Square Enix

Alors que l’ancêtre Tactics Ogre s’apprête à nous revenir rajeuni, un nouveau Tactical- RPG sous la bannière Square Enix débarque en ce début d’automne, avec pour nom The Diofield Chronicle.

Enivré par le succès commercial « insolent » de la franchise Fire Emblem, Square Enix se risque à nouveau sur le terrain du tactical-RPG. Pour autant, le savoir-faire de l’éditeur japonais en la matière n’est plus à démontrer. Tactics Ogre, Final Fantasy Tactics et le tout dernier Triangle Strategy en sont le plus bels exemples. Avec The Diofield Chronicle, Square Enix livre une représentation de la guerre stratégique sous la forme d’un diorama interactif. Son approche visuel fait irrémédiablement référence aux jeux de stratégie en temps réel (STR), genre populaire sur PC, à ceci près que l’action demeure asynchrone ici.

Jeux de pouvoirs

Avec une bande son musicale imaginée par les compositeurs de Games of Thrones (Ramin Djawadi et Brandon Campbell), il fallait se douter que The Diofield Chronicle allait être dotée d’une consonnance de jeux de pouvoirs. Son récit démarre alors que des nations sont en guerre, en quête de ressources. Au fil des événements qui ponctuent l’histoire, on découvre des liens entre des rois et des nobles. Ceux-ci donnent lieu à des luttes politiques où s’entremêlent trahisons et subterfuges.

L’île de DioField est riche en jade, le précieux minerai nécessaire dans l’utilisation de la magie. Les nations voisines de l’Empire s’unissent pour envahir les pays de l’Alliance. Pendant ce temps, le royaume d’Alletain, qui règne sur la grande majorité de DioField, doit décider s’il veut aider l’Alliance ou rester neutre. Acteur secret mais très influent de la guerre, les Blue Foxes agissent en tant que groupe militaire privé d’Alletain sous la tutelle de l’obscur duc Hende.

Renards de guerres

Bien que les Blue Foxes répondent aux sollicitations privées (missions secondaires), les missions prioritaires sont celles portées par le duc. En parallèle, des tensions au sein du groupe surgissent, leur ampleur ayant des conséquences certaines tout au long de la campagne. Dans cette histoire sinueuse, chaque révélation constitue un moment charnière avec des conséquences directes dans les relations qu’entretiennent les Blue Foxes et les acteurs de cette guerre.

Contrôlés par le joueur, les Blue Foxes sont dirigés par Andrias Rhondarson, Fredret Lester et Izelair Wigan, bien que rapidement Andrias s’impose en tant que commandant du groupe. Visuellement, je ne peux que déplorer que les personnages soient un peu sommaires et pourvus d’un design peu inspiré: ça les rend forcément moins attachant. Heureusement, la qualité d’écriture de The DioField Chronicle transcende le manque général de personnalité des protagonistes, au gré d’un voyage dramatique à enjeux élevés.

Amour, gloire et trahison

Néanmoins, n’allez pas croire que les personnalités des Blue Foxes sont aussi vides qu’une coquille d’œuf, bien au contraire. Initialement considéré comme respectable et digne de confiance, le personnage soi-disant bien intentionné d’Andrias devient progressivement plus secret et sournois au fil des jours. Tel un joueur d’échec, chaque mouvement qu’il fait et chaque mot qu’il prononce, même s’il semble altruiste sur le moment, semble calculer et cacher un double objectif. L’évolution de la jeune magicienne Waltaquin surprend également. Laissant transparaître des accès de violences intermittents, son côté sombre l’envahit peu à peu, créant un malaise parmi ses compagnons. Tout à l’opposé d’Iscarion : doté d’un caractère naturel bienveillant envers autrui, son parti pris se montre bien souvent en désaccord avec celui d’Andrias. Si bien que la confiance entre les deux hommes s’érode lentement. En dehors de nos trois protagonistes, on note que le développement des autres personnages n’est pas aussi poussé.

Compte tenu de la volatilité des desseins des Blue Foxes, il devient dès lors difficile de prévoir ce qui va suivre, suscitant un certain intérêt quant à l’intrigue. Les acteurs de la voix anglaise et l’écriture travaillent magistralement de concert dans l’évolution divergente entre les camarades soldats. Tous deux contribuent à créer une atmosphère suffocante de suspicion, poussant le joueur à en apprendre davantage.

Choisis ton champs, camarade

Après avoir évoqué les qualités scénaristiques dont bénéficient The Dofield Chronicle, abordons le gros du morceau de tout TRPG: son système de combat. Comme évoqué au début de cet article, le titre emprunte le style STR chers aux joueurs sur PC. Lors des batailles, vous avez quatre personnages actifs à qui vous donnez des ordres, basiquement se déplacer et quels ennemis attaquer. Seules quatre unités sont actives sur le champ de bataille en simultanée; les unités inactives sont elles associées à celles actives, leur permettant d’utiliser les capacités spéciales de leur partenaire ainsi que les leurs. Comparées à celles des STR, les affrontements se révèlent plus brefs. Des objectifs sont assignés avant chaque début de mission (limite de temps à ne pas dépasser, préserver votre groupe d’une défaite au combat, etc. ), donnant lieu à des récompenses supplémentaires en cas de succès.

Bien que vous puissiez améliorer vos chances au combat en positionnant efficacement vos unités (tirer parti des passages étroits et cibler l’arrière des ennemis), votre objectif réside principalement dans l’utilisation optimale des capacités spéciales. Celles-ci varient entre balayer un large groupe d’ennemis, frapper une ligne d’ennemis, infliger des dégâts importants à une seule unité ou simplement pouvoir repositionner votre unité. D’autres capacités s’avèrent plus utiles dans certaines situations: comme votre unité est limitée par les PE (points de magie) et les temps de recharge des mouvements spéciaux, il vous faut déterminer la meilleure façon d’utiliser ces mouvements. La stratégie consiste à trouver un juste équilibre entre le moment où vous attaquez vos adversaires avec des attaques puissantes et le moment où vous préserver vos unités des attaques puissantes ennemis pour mieux contre-attaquer avec une incantation de créatures grâce aux orbes magilumiques.

L’école de la guerre

Entre les batailles, The Dofield Chronicle offre aux joueurs pas mal de possibilités d’évolutions et d’améliorations de votre armée durant les briefings de missions. Les unités se déclinent en quatre types : soldats, cavaliers, tireurs d’élite et magiciens, chacun étant divisé en sous-catégories. 

Il existe également un arbre de compétences pour améliorer les attaques spéciales, développer des armes et mener des recherches pour améliorer vos orbes magilumiques. Compte tenu des types de capacités spéciales et des évolutions offertes, on est incité à les débloquer pour déterminer leur usage le plus opportun. Des combos et des synergies entre certaines unités sont également possibles, donnant l’impression au joueur d’agir en chef d’orchestre durant les combats.

Et tu tapes, tapes, tapes…

En dehors des qualités évoquées, The Dofield Chronicle pêche néanmoins par la grande répétitivité de ses missions et même de ses musiques. Le chapitre 1 « tutoriel » passé, le chapitre 2 inaugure une succession de missions peu ou prou similaires. Les missions secondaires n’apportent rien à l’intrigue principale si ce n’est à faire du « grinding ». Autre point décevant : la sous-exploitation des spécialités des personnages. Durant sa quête, de nouvelles recrues avec leur spécialité viendront se joindre à votre troupe, grossissant ainsi les rangs. Malgré tout, les missions proposées ne poussent pas à mettre en avant les spécificités de chacun et donc à modifier votre équipe. Si bien, qu’on avance dans l’histoire sans ressentir la nécessité de changer de combattants actifs pour privilégier la simple montée en puissance. Dommage.

Notez tout de même que la jouabilité figure étonnamment parmi les motifs de satisfaction. Si on se dit qu’une jouabilité à la souris serait plus confortable, The Diofield Chronicle s’en sort assez bien à la manette en dépit de la diversité des options possibles. Il faut aussi lorgner du côté des phases d’entre-missions pour voir des personnages un peu plus fouillés graphiquement. On n’en dira pas autant de la réalisation des champs de bataille: bien que soigné, leur aspect visuel est assez sommaire et nos Blue Foxes ont du mal à ressortir dans l’effervescence des affrontements. Les impacts de coup manquent de panache et donnent une impression de frapper dans le vide.

The Diofield Chronicle est actuellement disponible sur PS5, PS4, Xbox One, Xbox Series, Nintendo Switch et PC.

The Diofield Chronicle
7/10

JEU - The Diofield Chronicle PS5

Difficile de reprocher à Square Enix de vouloir tenter de nouvelles approches dans un genre aussi exploité que le Tactical-RPG. Pourtant, The Diofield Chronicle parvient à innover par une approche intéressante nourrie par la qualité de son scénario et le développement profond de ses protagonistes. Les jeux d’influences entre eux servent totalement l’intrigue et donc son intérêt sur les suites à y donner. Dommage que la répétitivité des missions et l’aspect visuel en demi-teinte entachent ces efforts, donnant une goût d’inachevée de l’ensemble et de manque d’ambition.

On adore…

  • Le travail d’écriture
  • L’évolution du caractère des protagonistes et sa conséquence sur l’intrigue
  • La qualité du doublage qu’il soit anglais ou japonais
  • Les possibilités d’améliorations et d’exploitation de votre groupe

On déteste…

  • Une répétitivité des ordres de missions qui lasse
  • Des missions secondaires sans intérêt hormis pour grinder
  • Un aspect visuel sommaire des champs de bataille
  • Des affrontements sur le terrain qui manquent de clarté et de panache
  • Des musiques de qualité mais qui reviennent trop souvent

Test réalisé sur PS5 à partir d’un code en version dématérialisée envoyée par l’éditeur Square Enix France.

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