Test – Tactics Ogre: Reborn: quand sonne l’heure de la tactique

Alors qu’une suite à la saga Final Fantasy Tactics se fait toujours attendre, Square Enix a finalement fait le choix de redonner une seconde chance à sa série mythique Ogre Battle en sortant Tactics Ogre: Reborn.

Au crépuscule d’une fin de règne, à un moment où une PS Vita occupait déjà les esprits de bon nombre de joueurs, la PSP, première console portable de Sony, accueillait contre toute attente le remake d’un tactical JRPG mythique. Tactics Ogre: Let Us Cling Together, jeu développé par Quest, avait en effet droit à un remake digne de ce nom en 2010 après sa première apparition sur Super Nintendo en 1995.

Et c’est donc en cette année 2022 que ce même titre nous revient, rebaptisé pour l’occasion Tactics Ogre: Reborn. Car il s’agit bien ni plus ni moins que d’un remake remasterisé ! A défaut de produire un nouvel épisode tout frais, c’est une façon pour l’éditeur japonais de maintenir en vie sa franchise qu’on pensait perdu dans les limbes de son catalogue,

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes

Même si la pratique a ses détracteurs, ne boudons pas notre plaisir pour autant. Car Tactics Ogre: Reborn le mérite vraiment car il demeure encore de nos jours comme un modèle dans l’excellence du tactical JRPG. Et c’est en cela qu’on peut apprécier le travail des développeurs pour respecter les matériaux d’origine, tout en l’adaptant aux styles des jeux actuels. Il y a comme un parfum de nostalgie qui se dégage même de ce titre dans son parti pris sur son conservatisme rétro et c’est ce qui fait tout son charme.

Ctrl+C, Ctrl+V

Ceux qui ont parcouru la version PSP seront immédiatement en terrain connu car ils y retrouveront peu ou prou la même chose dans ce Tactics Ogre: Reborn. Si l’on met de côté l’ajout (bienvenue) des doublages anglais et japonais, on pourrait pratiquement le ranger dans la catégorie des simples portages. Désormais en haute définition, on retrouve le même terrain de jeu isométrique aux environnements soignés, et ses personnages 2D en simili 3D.

Et si on ne peut qu’apprécier le travail méticuleux sur ces derniers par Tsubasa Masao pour respecter le chara-design imaginé par l’immense Akihiro Yoshida, je continue de déplorer leur rendu « flou », véritable syndrome de ces jeux 2D qui nous reviennent. A côté de cela, l’ambiance musicale omniprésente reste authentique, mettant en avant les compositions d’Hitoshi Sakamoto, déjà brillantes en son temps.

Old school: je t’aime. Moi non plus.

L’autre point fâcheux qui confère ce statut de portage à ce Tactics Ogre: Reborn, c’est celui de l’ergonomie dans l’interface de ses menus. On ressent immédiatement l’héritage de son modèle PSP avec une prolifération de menus étoffés. Leurs multiples embranchements ne mettent pas suffisamment à profit le nombre plus important de boutons dont on dispose, que cela soit sur une Switch ou une manette Playstation.

J’ai ainsi passé un temps fou entre les phases de préparation entre les magasins, la personnalisation et le recrutement de mes troupes, la gestion des soldats engagés en avant-phase des combats avant de m’engager finalement dans un affrontement. On trouve peu d’automatisme permettant de rendre l’expérience plus fluide et moins austère notamment pour les non-initiés.

Le complexe de l’Ogre

Ces mêmes remarques sont aussi transposables en combat. Sur le terrain, il demeure difficile d’appréhender rapidement toute la complexité stratégique de vos actions et déplacements passés la première heure de tutoriel. Quand la plupart des T-RPG conditionnent les combats dans le déplacement et la position de vos combattants, Tactics Ogre: Reborn introduit également les notions d’alignements et de clans. Un point que j’ai trouvé appréciable, c’est le système des jobs: plus avenant que ses confrères du genre, le fait de pouvoir changer de spécialité tout en conservant l’expérience engrangé en combats est un vrai soulagement pour profiter des aptitudes rapidement.

La lutte des Trois Royaumes: entre espoir et destinée

Et être soulagé dans Tactics Ogre: Reborn n’est pas un vain mot, tant cela est rare. Car en plus de la complexité et la densité de son gameplay, il faut composer avec un scénario tortueux, mélangeant trahisons, actes rebelles et sacrifices. L’histoire se déroule dans les îles Valeria, théâtre de nombreux conflits de pouvoirs. Jusqu’au jour où un homme, Dorgalua Oberyth, parvient à mettre fin aux guerres et à rassembler les terres, amenant enfin la paix. La disparition de l’homme providence fit émerger trois clans: les Bagram, les Galgastani et les Wallister.

Le joueur suit ainsi les péripéties d’un petit groupe de rebelles portant allégeance au clan Wallister, composés du jeune Denam Pavel, de sa soeur Catiua et son ami d’enfance Vyce Bozeck. Au cœur de ce conflit de nations, ces trois jeunes gens s’opposent à la suprématie qu’imposent les riches clans Bagram et Galgastani. Leur soif de liberté et de justice les amèneront à faire des choix cruciaux et parfois cruels pour parvenir à leurs desseins. Il faut le saluer: cette histoire, immersive, est mise en avant dans Tactics Ogre: Reborn par un travail remarquable de localisation… tout en français s’il vous plaît! La densité de dialogue à ingurgiter n’en serait que plus pénible autrement, en dépit de l’ajouts des doublage dans cette nouvelle version.

Tactics Ogre: Reborn est actuellement disponible sur consoles Nintendo Switch, PS4, PS5 et PC (Steam).