TEST – Devil’s Third Wii U : le diable au corps tatoué

Après Bayonetta 2 l’année dernière, la Wii U accueille un nouvel ovni dans son catalogue signé du créateur des Ninja Gaiden: Devil’s Third.

Devil's Third

Il s’est fait attendre mais voilà, Devil’s Third est enfin sorti de son hibernation! Un miracle tant son parcours de développement fût chaotique. Annoncé pour la première fois en 2008, il signait le retour aux affaires du créateur Tomonobu Itadaki peu après son départ fracassant du studio Team Ninja, toujours à l’œuvre sur les séries Dead or Alive et Ninja Gaiden. A l’origine édité par l’éditeur THQ, Devil’s Third avait été conçu avec le moteur de Darksiders 2. Après la disparition de l’éditeur américain, le titre fût profondément remanié par le jeune Valhalla Game Studio, dirigé par Itadaki-san lui-même, pour finalement tourner sur le moteur Unreal Engine 3. Et c’est donc sur Wii U que le jeu sort à son terme en exclusivité console (NDT: il est aussi prévu sur PC pour la fin d’année) grâce en partie au soutien promotionnel de Nintendo.

Devil's Third

Ivan Le Terrible

Qu’on ne s’y trompe pas: bien qu’il débarque sur Wii U, Devil’s Third est à ranger dans la même catégorie des titres « gamer » que Bayonetta : il est d’ailleurs classé 18+. L’histoire vous met dans la peau d’Ivan, un ancien mercenaire au corps aussi tatoué que Michael Scoffield de Prison Break. Incarcéré par les autorités à la prison de Guantanamo, il est missionné pour tenter de liquider les troupes d’un mystérieux terroriste qui n’est autre que le mentor d’Ivan, Issac Kumano. Ce dernier est soupçonné de pratiquer des expériences de mutations humaines pour créer une armée surpuissante et semer le chaos sur Terre. Tel un Snake, Ivan est donc appelé à la rescousse: vous êtes le seul capable d’arrêter cette machination et ça c’est la classe!

Devil's Third

Devil’s Third propose au joueur deux modes, solo ou multi. Le mode solo est découpé en 9 chapitres que l’on peut parcourir indifféremment dans les trois modes de difficulté (Facile, Normal, Difficile). Je vous recommande de débuter en Normal et même en Difficile car le titre varie principalement sur la résistance d’Ivan et peu sur la qualité des ennemis que vous rencontrez. Alternant les vues TPS et FPS, le gameplay de Devil’s Third combine les phases de tir et les combats au corps à corps. Ainsi, Ivan armé d’une mitraillette, un bazooka ou un fusil de sniper peut basculer en mode visée à la première personne. A vrai dire, la visée au stick n’est pas très aisée et j’aurais préféré pouvoir utiliser la fonction gyroscopique du Gamepad pour le coup, une option absente malheureusement.

Devil's Third

Au corps à corps, les capacités d’Ivan se rapproche fortement de celles du ninja Ryu Hayabusa: disposant d’un arsenal aussi varié qu’un sabre, une double hache ou une simple barre de métal, notre bodybuilder tatoué peut réaliser de courts enchaînements à base de coups forts (X) et de coups faibles (Y), séquence qui s’achève par un finish-move riche en giclage de sang et en dents qui volent. En maintenant la touche L, vous pouvez soit projetez votre arme sur votre ennemi ou bondir sur votre proie pour lui enfoncer votre arme. Terriblement efficace! Côté défense, toujours en maintenant L, Ivan a la possibilité de bloquer ou d’esquiver les attaques d’une simple roulade en appuyant sur Y. Dans les faits, enclencher simultanément deux boutons pour l’esquive n’est pas très ergonomique et dans le feu de l’action, ça s’avère même assez fatal surtout contre les boss: dommage…

Devil's Third

Kill Big Boss

Les boss, parlons-en: à ma grande surprise, ils ont été particulièrement travaillé et sont même plutôt réussis! Au nombre de six,  Ivan croisera le chemin de Big Mouse et sa sulfateuse, le colonel Grundla Saha et ses poings d’acier, la séduisante mais dangereuse geisha Jane Doe, Ludmilla Karenina et ses capacités télékinésiques et enfin le maître du sabre Isaac Kumano que vous affronterez dans un duel inévitable. Notre anti-héros retrouvera aussi son amour passée qu’il croyait morte, C4. A l’instar des boss de Metal Gear ou No More Heroes, chacun dispose d’attaques spécifiques et il vous faudra assimiler leur pattern pour espérer les vaincre. Comptez au final entre 7-8 heures pour boucler la campagne solo, ce qui est plutôt correct. Le jeu profite de nombreuses séquences cinématiques, d’un bon doublage anglais et de texte localisé intégralement en français: du travail soigné! D’ailleurs, certains passages et dialogues sont assez savoureux et j’ai bien apprécié la personnalité d’Ivan dans le genre tête brûlée WTF mais qui au final suscite l’admiration de tous.

Devil's Third

Ninja Gadin

Malgré tous ces bons points, Devil’s Third pêche par son bilan technique mitigé à cause de nombreuses imperfections, trahissant ainsi son accouchement difficile au sein de Valhalla Game. Modèles 3D inégaux, textures répétitives sur les premiers niveaux et parfois tellement simplistes qu’on se croirait revenues sur PS2, une gestion de caméras pas terrible, framerate à la ramasse et des ralentissements fréquents surtout quand l’écran se charge un peu  et des décors parfois bien vides. On sent pourtant de grandes ambitions dans ce jeu qui aurait pu être incontournable (surtout quand on regarde le mode multijoueur dont je vous parle plus bas) avec des séquences variés assez jouissives dans la seconde partie du jeu: shooting au ralenti façon Matrix, gunfight aérien, course poursuite en jeep, batailles de tranchées. De bonnes idées que j’aurais aimées plus fréquentes car les 2/3 du jeu consiste à avancer dans des couloirs et nettoyer des zones de ses soldats à l’IA nullissime. Dommage également qu’il y ait si peu d’interactivité avec les décors, rarement destructibles. A noter enfin l’absence de suppléments bonus: pour le coup, j’aurais apprécié voir des concept-arts ou au moins galerie cinématique. Ici, on se contentera de dénicher des trophées dans les chapitres Solo. Un peu chiche pour le coup.

Devil's Third

Choisis ton clan, camarade !

Abordons enfin la partie multijoueur. Loin d’être anecdotique comme dans beaucoup de jeux, il est ici l’essence même de ce Devil’s Third. Dans cette partie, deux modes sont accessibles: Drill et Clans. Le mode Drill vous propose dix façon de jouer (dont trois à débloquer) à plusieurs en ligne. Si on a droit aux classiques match à mort et domination, il existe aussi des modes assez fun comme la Basse-cour où il faut capturez le plus de poulets possibles, Fêtes foraines où on doit envoyer un maximum de fruits dans un mixeur géant, ou encore Close Combats où le but est de faire parler vos poings afin de vous emparer le plus rapidement possible de la seule arme présent dans le niveau. Vraiment fun pour la plupart, le principal regret est qu’on reste tributaire de la présence de joueurs ou non dans ces modes: les serveurs sont parfois bien déserts et on se résigne à lancer le mode aléatoire pour atterrir quasi systématiquement sur du Domination ou Match à mort.

Devil's Third

Le second mode, Clans, est plus ambitieux. Je dirais même que c’est « un jeu dans le jeu ». Après avoir personnalisé votre avatar, monté en level en mode Drill en choppant quelques équipements au passage dans la boutique grâce à la monnaie « Dollen », il devient alors temps de passer à la stratégie et créer votre propre Clan de mercenaires. Vous devrez dans un premier temps choisir votre faction puis déployer votre bastion façon tower-defense : bas de commandement, bâtiments d’armements, systèmes de surveillance…

Dans votre soif de domination du monde, vous devrez vous emparer de nouvelles zones en vous lançant dans des escouades en vue de détruire les bases de commandement ennemis. Les maps sont assez variés et il est possible de chatter avec vos partenaires via le Gamepad ou un clavier USB connecté à la console. Les jeux multijoueurd de ce type étant plutôt rares sur Wii U quand ils sont légions sur PS4 ou Xbox One, il est vraiment appréciable d’en voir débarquer un plutôt bien fichu et assez riche au niveau de son contenu. De ce point de vue là, Devil’s Third mérite sincèrement qu’on s’y investisse si vous êtes capable de faire abstraction de l’aspect purement technique et visuel au profit de la dose de fun qu’il vous procurera.

VERDICT
7/10

JEU: Devil's Third Wii U

Frustré. C’est ce qu’il en ressort de ce Devil’s Third plein de potentiel. Loin d’être aussi catastrophique comme on peut le lire ailleurs, le titre dispose d’une aventure solo variée, d’une durée de vie assez correcte avec un bon niveau de progression. Certes, il est difficile de passer outre les lacunes techniques du jeu et ses longs temps de chargement entre chaque chapitre. Mais les joueurs sur Wii U auraient tort de passer à côté de ce titre vraiment fun et disposant d’un mode multijoueur étonnamment riche, où l’on peut passer des heures rien qu’à la conquête du mode Clan. Il serait vraiment dommage que le mauvais buzz autour du titre compromette les chances de voir une suite un jour. Je vous le conseille sincèrement, vous ne le regretterez pas!

On adore…

  • Ivan le multitâche
  • Le design plutôt classe des boss (Jane Doe!) en Solo
  • La nervosité des affrontements
  • Les finish-move bien salissant en hémoglobine
  • La bande-son efficace
  • La localisation française soignée
  • Le mode Drill: varié et fun
  • Un mode Clans surprenant et absorbant

On déteste…

  • C’est quand même bien moche parfois
  • Le scénario assez bateau
  • L’effet couloir trop prononcé en Solo
  • L’IA endormie des ennemis en Solo
  • Des ralentissements à foison et un framerate à la rue
  • Des temps de chargement qui durent entre chaque chapitre
  • Pas de suppléments bonus
  • Peu de joueurs en ligne dans les modes marrants en Drill
  • Une communication marketing négligée, avec une sortie fin août en Europe

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