TEST – Beyond Two Souls PS3 : deux coeurs en hiver

BEYOND TWO SOULS PS3 – C’est peu de dire que le dernier jeu de David Cage était attendu cette année. D’une démo technique sur Playstation 3 appelée Kara qui a fait le tour du monde, le véritable jeu Beyond a depuis multiplié les apparitions en public sur les événements de jeux vidéo mais aussi, fait rare, sur les festivals cinématographiques (Tribeca). Souhaitant proposer une expérience transverse entre le jeu vidéo et le cinéma, David Cage serait-il enfin parvenu à se dégager des codes classiques du jeu vidéo avec Beyond ? Réponse : Oui et non…

beyond two souls

Avec des titres comme Nomad Soul, Fahrenheit et Heavy Rain, on ne sait jamais quoi trop pensé des productions de Quantic Dreams avec à sa tête le mentor français David Cage. Jugez plutôt : dans Beyond Two Souls, on suit l’histoire d’une petite fille, Jodie Holmes, dès son plus jeune âge dont l’existence est bouleversée par sa cohabitation permanente avec… un esprit appelé Aiden ! Le syndrôme « Naruto » n’est pas loin et très vite, Jodie se retrouve écarté de la société et fait l’objet de moquerie de la part de ses camarades de jeux. Aiden devenant incontrôlable pour la petite Jodie, ses parents prennent alors l’initiative de se séparer de leur fille au profit d’un laboratoire de recherche expérimentale. Dirigé par le scientifique Nathan Dawkins, ce dernier va élever la jeune fille jusqu’à sa majorité, lui apprenant tant bien que mal à contenir les pouvoirs d’Aiden. Jusqu’au jour où Jodie découvre qu’elle fait parti d’un vaste programme expérimental dirigé par les fortes secrètes de la CIA. Entraînée, elle se prend à découvrir un sens à son existence au travers de ses missions en faisant la rencontre de Ryan Clayton, son mentor. S’ensuit une romance entre les deux êtres qui peu à peu virera au cauchemar, Jodie découvrant qu’elle n’est que l’arme de guerre d’une vaste machination scientifico-politique.

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On adore…

David Cage ne s’en est pas caché : le succès d’Heavy Rain l’a conforté dans l’orientation en terme de gameplay de Beyond Two Souls. Si à l’origine, il partait avec l’intention de revenir sur du gameplay classique, notre français a souhaité poursuivre sur la voie de « l’expérience transversale  entre jeu vidéo et cinéma ». Une prise de risque qui lui avait voulu certes des avis controversés parmi les médias mais qui s’est révélé au final payant, avec un plébiscite du côté des joueurs. Avec Beyond Two Souls, on retrouve les principales mécaniques d’Heavy Rain sous forme d’action contextuelle en générale, plus souple et donc plus agréable, avec une volonté de mise en scène exacerbée. Le tout est augmentée d’un casting cinq étoiles en la présence de la talentueuse Ellen Page, du vétéran Willem Dafoe et d’un musicien de renom côté ambiance musicale avec Hans Zimmer. Une recette qui avait forcément pour objectif de rassembler gamers et cinéphiles.

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D’autant qu’en terme de réalisation pure, le jeu est une véritable claque graphique dans l’ensemble quand on se rend compte qu’on est toujours sur une console Playstation 3 : à l’exception de quelques textures malheureuses et modélisations taillées à la serpe, les graphismes et surtout les animations motion-capturées de Beyond Two Souls figurent en tête de ce qui se fait de mieux sur le support.

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Il faut avouer que l’on prend plaisir à découvrir la vie de la jeune Jodie, jeune fille dont l’existence est enchaînée à un destin cruel dès sa naissance. On vit son quotidien même le plus intime, console ses chagrins et s’endurcit avec elle. Si Aiden est son protecteur dans le jeu, le joueur apparaît comme lui le troisième œil bienveillant de la jeune fille. Voué à un instinct à la fois voyeur et maternel, on apprend à connaître Jodie tout au long du jeu, en s’imprégnant de ses pensées, de ses forces apparentes mais aussi de ses vraies faiblesses. Car malgré son apparence aussi froide qu’une poupée de cire, il se dégage de ce personnage une certaines forme d’émotion, rarement vu dans un jeu vidéo. Une forme d’émotion complété par l’évolution de la personnalité de Willem Dafoe, aveuglé par un drame familial, jusqu’à le détourné inconsciemment de sa mission scientifique initiale. En ce sens, le pari de David Cage est réussi : l’auteur livre une sorte de biopic condensé sur son vaincu personnel, en terme de ressenti et de douleurs passés comme la perte d’un être cher. Beyond Two Souls réserve d’ailleurs de beaux moments pour les joueurs. Tantôt épique lors des phases de courses poursuites ou d’infiltration en pleine guérilla africaine, tantôt émouvant dans sa relation entre Jodie et ses proches mais surtout avec Aiden.

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Bien qu’invisible, Aiden est paradoxalement le personnage le plus travaillé du jeu. Pouvant être pris en contrôle par le joueur principal ou un second joueur via une manette ou même un support mobile, incarné Aiden donne une certaine impression de toute puissance. On est en effet libre en apparence de faire ce que l’on veut, d’aller on veut tel un fantôme et d’agir comme bon nous semble. Faire en sorte que Jodie soit au petit soin ou au contraire jouer le cabotin et en détruisant tout dans l’environnement de la jeune fille. Dans les faits, on reste tout de même limité par une proximité avec Jodie et les besoins de l’histoire. Mais cette expérience « DEUSienne » est l’un des rares plaisirs de liberté ressenti dans un jeu où tout est finalement scripté comme un film…

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On déteste…

En ce sens, on a du mal à comprendre le propos de Quantic Dreams : veut-il faire d’un film une expérience interactive ou bien transformer un jeu vidéo en expérience cinématographique ? Car si on apprécie de suivre l’histoire, on comprend mal nécessité d’avoir découpé l’histoire en séquences individuelles, qui plus est, mélangées. Si cela permet d’amplifier une émotion et fait parti de la mise en scène dans un film en général, le découpage employé dans Beyond Two Souls ne laisse qu’une impression de fouillis au joueur, qui même après avoir terminé le jeu, peine à recréer un lien entre les scènes malgré un scénario loin d’être mauvais. On arrivera d’ailleurs au bout de l’aventure finalement assez rapidement (comptez 6-7 heures), nous laissant la possibilité ensuite de revivre chaque chapitre dans l’ordre cette fois-ci. Bon. Il est étonnant cependant qu’il soit donné la possibilité de voir directement les trois fins multiples possibles sans avoir à refaire l’ensemble du jeu : la replay-value en prend un coup forcément.

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Certes, on pourra toujours tenté de refaire le jeu pour découvrir d’autres facettes de l’histoire en faisant de nouveaux choix contextuels, qui malheureusement ne changent que peu de choses au cours de l’histoire. J’ai d’ailleurs eu le sentiment que cet aspect avait beaucoup moins de conséquences sur le reste du jeu que dans Heavy Rain, ce qui est une déception en soi. Enfin, même s’il faut reconnaître une plus grande variété de gameplay sur ce titre par rapport au précédent titre de Quantic Dream, notamment sur la mission en Somalie, les scènes sont surtout une succession de Quick-Time-Event (QTE), offrant ses avantages au spectateur (on apprécie mieux la mise en scène et la réalisation, le jeu est accessible à tous) et ses inconvénients au joueur (moins d’immersion, impression de répétitivité). A la longue, c’est frustrant.

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Beyond Two Souls se révèle être une réussite en terme de réalisations : le titre est réellement un bijou visuel et on est soufflé par le travail méticuleux et le souci du détail du studio Quantic Dream, qui montre une fois encore leur savoir-faire technique sur un support âgé de sept ans. La présence d’acteurs réels renforce l’attraction du titre, comme son scénario assez captivant. C’est plutôt au niveau des choix de conception que le bât blesse : on a l’impression que son concepteur n’a pas pu aller au bout de ses idées, que le jeu est déchiré en permanence entre la volonté de proposer une expérience de jeu variée et celui de raconter simplement une histoire. Malheureusement, ces deux aspects ne semblent qu’être effleurés en surface, sans véritable parti pris, occasionnant une impression de schizophrénie et de frustration manifeste. Peut-être est-ce pour ne pas frustrer l’un des deux parties pour laisser une chance à David Cage d’envisager l’avenir sur les deux fronts ? On devrait avoir la réponse très bientôt avec une suite qui semblait déjà se profiler au terme du jeu.

Beyond Two Souls est disponible actuellement exclusivement sur console Playstation 3.

Note :

CONCOURS BEYOND TWO SOULS

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Allez, un petit concours, ça vous dit ? On vous propose de gagner un exemplaire du livre Beyond Two Souls en édition limitée. Il vous suffit d’indiquer dans les commentaires ce que vous avez pensé du jeu ou la raison pour laquelle vous auriez envie d’y jouer. Le gagnant sera tiré au sort parmi tous les commentaires à l’issue du concours. Fin du concours : dimanche 1er décembre 23h59 ! Bonne chance !

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